Cette fois-ci, je vous emmène très loin pour vous faire découvrir un artisanat rare et une matière première noble et rare également.
« Joailliers » archaïques
En parlant du métier des sculpteurs d‘ivoire, il faut dire que c’est un métier fort ancien, archaïque même.
Depuis lustre de temps l’homme taille une poignée pour son couteau, une aiguille pour fabriquer ses habits, un bijoux qui lui portera la protection etc.
Depuis des centaines d’années, les sculpteurs d’os et d’ ivoire de mammouth ont été placés au même niveau que les joailliers.
La taille de miniatures est un métier de précision qui demande des longues années d’apprentissage et de pratique.
Le prix élevé de la matière première et sa rareté ne pardonne pas les erreurs.
Le savoir et le savoir-faire doit être au plus haut niveau.
Les traditions des Tailleurs d’os
Beaucoup de pays ont formé leurs propres écoles de taille de l’ivoire et de l’os en fonction des traditions nationales.
Une des meilleur école est reconnue en Chine.
En Russie, l’école la plus ancienne et la plus connue est Kholmogorskaya.
Elle n’est pas disparue même après 1917 où la demande sur ces objets « bourgeois » est tombée.
Noble parce que rare
On peut utiliser le mot « ivoire » en parlant de l’ivoire d’éléphant et de l’ivoire de mammouth.
Le premier est interdit à la vente depuis 1989 pour cause de la protection des espèces de faune menacés à l’extinction.
Celui de mammouth est appelé l’ivoire « fossile ».
Les défenses de mammouths peuvent atteindre jusque 7 m et peser jusque 70 kg chacun.
Comment savoir si c’est du mammouth devant vous?
Même si il n’ a qu’un spécialiste qui vous le dira avec toute sûreté, vous pouvez distinguer quand même les lignes croissantes sur la coupe.
Les lignes se croisant sous 90 degrés prouve que le morceau provient d’un éléphant.
Les lignes se croisant sous 115 degrés viennent d’un mammouth.
Ces lignes de Shreger et sa couleur bleutée due à une saturation en sels métalliques sont les seules points visibles pour les distinguer.
Au fait, la couleur de l’ivoire de mammouth varie entre bleuté violet jusqu’au marron rouillé.
Ces nuances de coloration sont du à la composition de la terre où l’ivoire est resté entre 9 et 12 mille ans dans le pergélisol.
La partie la plus colorée de l’ivoire de mammouth est la « croûte ».
Pour sa beauté de jeu des couleurs, les joailliers la préfèrent dans son travail.
Ou on trouve du mammouth?
A part les musées paléontologiques, il y en a un peu en Ukraine, mais ni os, ni ivoire ne conviennent pas pour être taillé.
Le climat fait qu’on trouve cette matière noble souvent dans un état endommagé.
Le meilleur ivoire de mammouth tant recherché par les maîtres tailleurs sort des terres gelées de la Sibérie.
Pour se repérer en parlant de la Sibérie, je voudrais préciser sur l’endroit où sont cachés ces trésors.
La République Sakha (Yakoutie) s »étend sur 3100 km carrés. Elle fait partie de la région fédérale de l’Extrème Orient. La population ne dépasse pas 1 million d’habitants.
La ville principale, Yakoutsk, possède un laboratoire unique d’étude du pergérisol.
Pratiquement toute la partie continentale de Yakoutie est gelée constamment entre 400 m en profondeur et plus.
Le climat convient pour sauvegarder cette matière première rare et noble qu’est l’ivoire de mammouth.
Marché de l’ivoire de mammouth.
La Yakoutie est le seul endroit de Russie où existe les enchères d’ivoire de mammouth.
Il faut dire, que c’est une matière première qui ne se forme pas, qui ne multiple pas, elle ne fait qu’être « ramassée ».
Le stock d’ivoire va finir par être épuisé définitivement.
Les quantités extraites sont donc sous contrôles, et limitées.
Les prix aux pièces en cette matière ne font que monter en prix.
Depuis 2012 le prix au kilo de la matière brute varie entre 200 et 300 usd/1 kilo.
Le prix dépend de la qualité de l’ivoire : absence des fentes même minuscules, absence de vide à l’intérieur…
Le prix final d’un bijoux ou d’une miniature, ou d’un netsukes dépend non seulement de la qualité de l’ivoire mais, également, du nom du maître artisan, de son expérience, sa réputation.
C’est lui qui défini son prix au final.
Chemin entre un morceau et un chef d’oeuvre.
Une amie russe, Irina, sculpteur d’os et d’ivoire fossile m’a montré la naissance d’un de ses chefs d’oeuvre.
En prenant la première fois cet os dans les mains, elle a juste une idée, un projet dans la tête.
Après le croquis soit sur le papier, soit directement sur la matière première.
L’acheteur avait, au départ, juste une fourchette de prix.
Après plus de deux mois de travail :
Les outils utilisés sont des forets simples, limes et gouges.
Les maître-artisans reconnus n’utilisent pas d’appareils sophistiqués, de haute technologie.
Ils disent : ça fait partir de l’âme de votre travail.
Je vous laisse admirer ces objets d’exception.
Et je vous invite à me contacter si vous souhaitez en voir en vrai, sur un de mes stands.
Amicalement,
Natalia.

A propos de Natalia Lagoguey
Après avoir enseigné le français en Russie, travaillé comme secrétaire-interprète à l'ambassade belge de Moscou, mis ses compétences aux services de plusieurs sociétés françaises, Natalia a décidé de partager ses connaissances de l'artisanat slave en général et russe en particulier. Ceci via son blog mais également via son pavillon russe ( www.costumerusse.kingeshop.com/ ) ou vous verrez, entre autre, ses créations et des expositions sur le terrain (Marchés, salons, foires...).
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