Maslenitsa-

une fête orthodoxe aux origines païennes!

Le temps est venu vous parler d’une des fêtes les plus populaires en Russie.

Lla fête de Maslenitsa.

C’est une fête païenne très ancienne qui, à l’origine, était une fête du début de l’année, le Nouvel An.

Pourquoi le Nouvel An en mars ?

Parce que mes ancêtres ont suggéré que le Nouvel An est un équivalent à un renouvellement de la vie, le début du nouveau cycle de la Mère-Nature, donc l’arrivée du printemps le jour de l’équinoxe du printemps.

Jusque là tout me semble logique.

Avant le baptême du prince Vladimir les slaves païens se régalaient et s’amusaient 7 jours avant et 7 jours après « leur » 1-er mars ce qui veut dire « notre » 21 mars.

Konstantin Makovskiy, Fete de Maslenitsa sur la place Admiralteiskaia à St-Petersbourg, 1869

Konstantin Makovskiy, Fete de Maslenitsa sur la place Admiralteiskaia à St-Petersbourg, 1869

Une fête qui a résisté à l’église orthodoxe

Depuis le temps des druides cette fête a été quand même légèrement modifiée à nos jours. L’église orthodoxe n’a jamais réussi à interdire cette « fête des diables » mais a beaucoup influencé pour l’adapter à la doctrine de l’église.  


A partir du XVII-e siècle l’église a accepté le fait de fêter l’arrivé du Printemps pour ne pas se  confronter aux traditions populaires mais a déplacé les dates de la fête par rapport au Grand Carême orthodoxe et l’a raccourci à 7 jours.

un kiosk à crèpes et autres gourmandises traditionnelles russes

un kiosk à crèpes et autres gourmandises traditionnelles russes

Les gens ont surtout gardé la coté festive de cette fête : les jeux traditionnels, la présence de l’épouvantail de Maslenitsa et les crêpes en quantité impressionnante.

Maslenitsa en Ukraine

Maslenitsa en Ukraine

Petite leçon de russe ou les crêpes de Yarilo

Le nom de Maslenitsa vient du mot russe maslo (масло) qui veut dire le beurre.

A l’époque au moment de cette fête les vaches donnaient les veaux, et avaient beaucoup du lait, donc le beurre ne manquait pas dans les izbas.

C’est avec ce laitage que les femmes beurraient les crêpes de Maslenitsa. Il faut expliquer que les crêpes rondes et dorées représentaient le dieu du Soleil Yarilo chez les slaves de l’est sur terre. En russe existe un verbe oumaslit’ (умаслить) qui a la même racine que le mot масло (le beurre).

Умаслить (oumaslit’) veut dire rendre quelqu’un plus gentil, plus favorable.

En mettant le beurre sur les crêpes les gens demandaient des avantages et remerciaient en même temps le dieu Yarilo pour leurs semis, leur blé, leur récolte.

Chaque jours de la semaine portait son nom et demandait son scénario de déroulement.

Lundi  d’accueil de Maslenitsa ou Maslenitsa Propre.

Les villageois promenaient en traîneau les figures de Maslennik (masculin) et de Maslennitsa (féminine) en paille et vêtus en costumes traditionnels dans tout le village en les saluant avec respect.

Ces figurines représentaient les jeunes mariés célestes.

Après un large accueil les figures étaient placées sur le point le plus haut du village.

Les ethnographes disent que la jeune mariée était Snégourotchka et le jeune marié le dieu du Tonnerre.

De nos jours, il reste une seule statue de paille, celle de Maslenitsa vêtue d’un sarafane russe.

Et encore une nuance : mes ancêtres ne dessinaient pas le visage des figures.

Une âme entrait par le visage dessiné dans la figure en paille dont le destin était d’être brûlé ou noyé ou déchiré.

Petr Gruzinskiy, Maslenitsa, 1889

Petr Gruzinskiy, Maslenitsa, 1889

Mardi l’ intro aux jeux

A l’aube la figure de Maslenitsa réunissait autour d’elle les jeunes et les enfants du village.

Tout le monde dansait en rond autour de l’épouvantail, faisait de la luge, du carrousel, s’amusait dehors.

Les gens déguisés replissaient les rues, ils faisaient les tours des izbas et improvisaient les animations.

Accueil de Maslenitsa

Accueil de Maslenitsa

Mercredi - gourmand

Ce jour il fallait manger autant qu’on pouvait.

Les gens restaient la plupart du temps dehors ce jour ci et rentraient juste pour se réchauffer un peu et mangeaient des gourmandises.

Chaque izba était rempli des gourmandises et bien sûr des crêpes pour offrir à chaque bienvenu.

Les gens allaient aux foires se montrer et regarder les autres, admirer un ours dressé. Il n’était pas rare même de voir une bagarre entre un homme fort et un ours

Boris Kustodiev, Maslenitsa, 1916

Boris Kustodiev, Maslenitsa, 1916

Jeudi- cassure

Ce jour les gens se promenaient en traîneaux, les jeunes gens faisaient les batailles aux poings.

Grâce au grand peintre russe Vassiliy Sourikov on imagine bien le jeux traditionnel des cosaques de Sibérie de Maslenitsa la prise de la forteresse en neige.

Une attraction la plus populaire était faire rouler des roues enflammées dans les rues et les lancer dans une descente.

Des enfants déguisés en animaux se promenaient d’un izba à l’autre en chantant les couplets traditionnels et se faisant remplir des sacs de gourmandises.

V.Sourikov, La prise de la forteresse en neige,1891

V.Sourikov, La prise de la forteresse en neige,1891

Vendredi : crêpes de belle-mère

Une bonne partie des animations de Maslenitsa avaient pour but de rapprocher les jeunes gens et d’accélérer les mariages.

Les mariés de l’année en cours vêtus de leur plus beau habits rendaient les visites à tous ceux qui étaient présents à leur mariage.

Mais le plus grand événement de la journée est les visites des gendres à leur belle-mère.

La belle-mère recevait ses gendres avec les crêpes de toutes sortes et un grand repas festif.

Si le gendre ne venait pas c’était un signe de non respect très grave.

Samedi : les crêpes des belles-sœurs.

Ce jour était toujours familial.

La jeune mariée de l’année en cours recevait chez elle sa famille et la famille de son mari et offrait des cadeaux à toutes les sœurs de son mari.

Dimanche : au revoir à Maslenitsa ou le dimanche de pardon.

Ce jour-ci les gens se demandaient pardon et s’embrassaient, se battaient et se pardonnaient et s’embrassaient.

Les portes de chaque izba étaient ouvertes et les gens s’offraient les crêpes partout. On se déguisait avec les peaux d’ours, de loup, de mouton en représentant les forces du mal.

Les autres, les batons en l’air criaient des méchancetés et les accompagnaient en même temps avec la Maslenitsa en dehors du village.

Là-bas on mettait une scène de bataille avec les forces du mal (qui était bien sûr gagné par les villageois) et la statue de Maslenitsa se faisait noyée ou brûlée

Une fois la figure représentant l’hiver était brûlée le cendre était semé sur les champs pour la bonne récolte.

Les enfants avec les « premiers oiseaux » cuits en pâte courraient dans les rues, montaient sur les toits des granges et ainsi « appeler » le printemps.

Dimanche on brûle l’épouvantail de Maslenitsa

Dimanche on brûle l’épouvantail de Maslenitsa

La fête de Maslenitsa est la dernière semaine avant le Grand Carême orthodoxe et on ne mange pas de viande cette semaine.

Mais traditionnellement ces jours-ci les crêpes en Russie sont accompagnées par du poisson à chair rose fumé, du caviar, du miel, de la confiture maison, du fromage frais et de la crème fraîche.

Mon partage ne serait pas complet si je ne vous proposais pas une recette de crêpes à la russe.

Amicalement,

Natalia.

Tweet
{lang: 'fr'}

Une réponse à Le Nouvel An chez les slaves païens

  • Férin dit :

    Je tenais à vous remercier pour votre travail. J’y ai trouvé la confirmation de ce que j’avais réussi à rassembler en allant fouiller dans la mythologie Russe pour comprendre le conte de Snégourotchka que j’espère conter avec toute l’intensité qu’il propose.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

CommentLuv badge

Ce blog est dofollow !