Qu’est ce que c’est ?
Il était une fois un grand commerçant russe Petr Shchoukin. Et il avait une faiblesse pour les objets orientaux.
En se promenant un jour sur la Foire de Nijniy Novgorod il a remarqué les magnifiques coupons de tissus de Turquie. Le vendeur lui expliqua que c’était des ceintures très à la mode parmi la Noblesse Polonaise.
« Les finitions sont soignées, c’est du bon travail, il faut les prendre »,- s’est dit le commerçant.
De retour à Moscou, le collectionneur s’est renseigné et a trouvé le marché de ces tissus originaux moins coûteux et en grande quantité.
Les premiers arrivages de ces tissus riches des terres de l’Est en Russie ont eu lieux en 1890. Les ceintures arrivaient de la Pologne et la Lituanie.
En 1912 selon le testament, la collection de ceintures de Slutsk appartenant à M Shchoukin, a enrichi les salles du Musée Historique de l’Empereur (actuellement Musée Historique d’état à Moscou).
Qui était à l’origine de ce nom?
Nous appelons ces ceintures de Sloutsk ainsi mais à l’époque de Shchoukin on les appelait les ceintures de kountouche (le nom d’un long manteau de la noblesse polonaise) ou les ceintures perses. Elles se portaient par-dessus de longs manteaux.
L’export de ces ceintures étaient chers et les magnats du commerce ont ouvert la fabrication de ces ceintures sur place.
A la fin de 1750 les Radziwiłł (Радзівілы en biélorusse, Radvilos en lituanien, Radziwiłłowie en polonais) ont invité un maître-artisan de la ville de Stanislav (actuellement Ivano-Frankovsk, Ukraine).
Ce maître-artisan s’appelait Ovanes Madjariants et il était d’origine arménienne.
Il est entré dans l’Histoire sous le nom de Yan Madjarskiy.
C’est lui qui a fondé la première manufacture des ceintures perses à Nesvije et ensuite à Sloutsk.
Le grand succès des ceintures de Sloutsk.
Les produits de Madjarskiy ont supprimé les ceintures perses du marché de la République des Deux Nations (Pologne et Lituanie).
Le roi Stanislav August Poniatovskiy a demandé aux Radziwiłł lui céder leur maître-artisan pour construire la même production à Grodno (Biélorussie actuellement), mais il a reçu un refus.
Bientôt les contrefaçons de ceintures de Sloutsk sont apparus à Grodno, à Varsovie et même à Lyon.
Même si au début ces ceintures étaient juste un accessoires importants dans le costume de la noblesse polonaise, elles sont devenues le symbole national de la Biélorussie au début du XX siècle. (La ville de Sloutsk appartient actuellement à la Bielorussie et se trouve dans la région de Minsk).
La poésie des ceintures tissées.
En 1911 le jeune poète Maxime Bogdanovich sous le charme de la collection des ceintures de Sloutsk de son ami Ivan Loutskevich, écrit une poésie romantique «Слуцкiя ткачыхi».
«Свае шырокiя тканiны на лад персiдскi ткуць яны»…Le recueil avec cette poésie portait en couverture la photo d’une magnifique ceinture de Sloutsk et il était édité pour le compte presonnel de la princesse Magdalena Radziwiłł.
La fabrication de ces ceintures prend une grande ampleur.
La naissance d’une spécialité.
Yan Madjarskiy a élaboré une nouvelle finition des extrémités pour les ceintures de Sloutsk et son fils Léon a fait la même chose pour les motifs du centre. Ainsi la nouvelle production de ceintures de Sloutsk est apparue. Depuis chaque ceinture porte de la broderie dorée « fait dans le bourg de Sloutsk ».
Les archives du Musée des arts nationaux de Minsk comptait 47 exemplaires de ces ceintures dont 32 provenaient du château de Nesvije.
Mais c’était avant la Seconde Guerre Mondiale.
Actuellement il en reste quelques unes sur le territoire de la Biélorussie et près de 80 à Moscou.
Manufacture de Sloutsk à nos jours.
La manufacture de Sloutsk continue son chemin. Les ceintures digne des costumes de la noblesse des Terres de l’Est se produisent sur commande et peuvent monter en prix jusqu’à 1000 euros et plus.
Mais ce qui marque cette production mi-artisanal c’est le tissage décoratif manuel sur chacun de leurs objets.
En ouvrant un emballage avec leur coupons tissés vous sentirez l’odeur des champs de lin. Et les petites fibres de lin entremêlés dans les métiers à tisser vous surprendrons par la proximité de la nature. C’est ce que j’aime dans leurs rouchniks, serviettes et autre linge de table.
Sources : l’article de Viktor Korbut publié sur Radziwill.by
Wikipédia et mon expérience personnel.

A propos de Natalia Lagoguey
Après avoir enseigné le français en Russie, travaillé comme secrétaire-interprète à l'ambassade belge de Moscou, mis ses compétences aux services de plusieurs sociétés françaises, Natalia a décidé de partager ses connaissances de l'artisanat slave en général et russe en particulier. Ceci via son blog mais également via son pavillon russe ( www.costumerusse.kingeshop.com/ ) ou vous verrez, entre autre, ses créations et des expositions sur le terrain (Marchés, salons, foires...).
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Un style qui rappelle grandement la religion chrétienne orthodoxe pour le coup. Car au finale ca me rappelle certains tissus que j’ai croisé en grèce ! (jamais été en russie)
Enfin qui est arrivé en premier, l’œuf ou la poule ? 🙂
Marco Articles récents..Trouver un grossisteen ligne de ceintures
Bonjour, Marco:) Bien sûr la Grèce était avant! L’orthodoxie russe vient de là-bas. Une fois j’ai utilisé un motif récupéré d’une tunique venant de la Grèce pour décorer une jupe ukrainienne. La jupe était faite dans les règles du folklore ukrainien:) La seule personne surprise jusqu’à présent était une dame qui avait amené la même tunique de la Grèce. Je ne suis jamais allée en Grèce.
Natalia Articles récents..Boîte à pain et patisserie (Visites: 26)
Elles sont magnifiques ces ceintures! Si je n’avais pas vu la toute première photo, j’aurais bêtement cru qu’il s’agissait en fait d’une sorte d’écharpe ou d’un pashmina! Très belles pièces de tissu en tout cas 🙂
Bonjour, Linda. Avez-vous remarqué comment un habit simple change avec une ceinture « riche » sur la première photo? En effet la ceinture est un accessoire à ne pas négliger.