Aujourd’hui je publie la troisième partie des mémoires de l’architecte russe Ilia Bondarenko sur la participation des Russes à l’Exposition Universelle de Paris en 1900.

Cette partie plus précisément montre une énorme différence dans la mode de vie et des habitudes des français et russes au tout début du XXe siècle.

Il s’agit de mémoires qui n’ont jamais été édités auparavant et qui sont traduits par mes petits soins.

Les commentaires en italique sont ajoutés pour rendre le texte plus compréhensible pour un européen.

Mémoires de l’architecte Ilia Bondarenko sur l’Exposition Universelle de 1900 à Paris

« …Les travaux de construction ont commencé le  jour même de l’arrivée du matériel au Trocadéro.

Tous les jours on commençait de bonne heure, à 7heure.

J’observais les méthodes de travail des ouvriers français.

Chacun des ouvriers français avait dans les poches de leur pantalon velouté un mètre, un crayon de papier et un bout de papier. Chacun connaissait sa place, sa tâche et le volume de son travail qu’il faisait avec une ardeur, vite et bien.

Nos ouvriers russes se levaient par habitude à l’aube. Avant de casser la croute, ils prenaient tranquillement leur thé. Ensuite des pomme de terres, le kacha

* céréales aux choix (blé, blé noir ; semoule blé dur, orge) cuit à l’eau ou au lait, plat du petit déjeuner traditionnel en Russie*

petit déjeuner des charpentiers à Paris en 1900. Shchi et kacha.

petit déjeuner des charpentiers à Paris en 1900. Shchi et kacha.

Le commissaire russe de l’Exposition prince Tenishev a fait construire la cuisine avec le four traditionnelle russe sur le périmètre de la Section russe.

Il a fait également venir 2 femmes (baba, баба) directement de la Russie.

*baba-est une femme du milieu simple. Elles faisaient souvent des différents travaux dans les maisons des familles aisées*

 

Les babas faisaient les pirojki et le pain noir à la farine de seigle, cuisinaient les shchi et kacha au grand étonnement des ouvriers français qui avaient pour l’habitude de  prendre leur petit déjeuner dans les restaurants et bistrots dans la proximité de l’Exposition.

Il faut dire qu’il y en avait beaucoup et Paris même comptait déjà plus de 30 000 restaurants de toutes sortes à cette époque.

K.Korovin. Paris. Café de la Paix. 1906. La photo vient du site kkorovin.ru

K.Korovin. Paris. Café de la Paix. 1906. La photo vient du site kkorovin.ru

Ils ne comprenaient pas non plus comment les russes déjeunaient à l’heure du petit déjeuner en mangeant les shchi à la viande, kacha, et s’en passer du dessert et surtout d’une demie du rouge ! <…>

La Section d’artisanat russe commençait par une petite église en poutres taillées à la hache typique pour les églises russe du Nord.

Les murs étaient couronnés par une tente haute couverte d’ un bandeau en bois. Cette tente (шатер) était couverte de  tuile en forme de fine écaille en bois.

L’entrée à l’église s’effectuait par un petit escalier en bois montant sur une terrasse ouverte  surélevée et soutenue par les petits poteaux.

Le petites fenêtres en mica donnaient une lumière douce en plus de la lumière installée à l’intérieur.

Cette église était remplie des pièces des artisans russes <…>.

Il y avait des icônes décorés du bois ajouré, pièces du  moulage en cuivre, pièces décorées de l’émail russe, les objets des maîtres-artisans de la région de Vladimir.

Les morceaux de tissus brodés décoraient les murs et le lutrin, le plancher était couvert des tapis  des artisanes de Vologda.

Costume russe de la collection de Natalia Shabelskaya. XIXe s. The Metropoliten Museum.

Costume russe de la collection de Natalia Shabelskaya. XIXe s. The Metropoliten Museum.

pavillon d'artisanat russe l'Exposition de 1900

pavillon d’artisanat russe l’Exposition de 1900

 

 

 

 

Un autre local était collé à l’église, une pièce de vie dans le style du château (terem, терем)

*un habitat des seigneurs du XVIIe s.

 Le centre de la pièce prenait une table ancienne en chêne massif nappée du tissus richement brodé.

Les mannequins représentants une famille des seigneurs étaient assis autour de la table vêtue des habits du XVIIe s. de la fabuleuse collection de Natalia Shabelskaya.

Il est  à noter que cette collection de costumes traditionnels russes était remarquable par sa richesse et un minutieux choix de détails authentiques.

Certains passionnés d’habits traditionnels russes ont même eu la chance être admis dans la maison de Shabelskaya et voir une petite partie de ces trésors…. »

 

Tissu déb. XIXe s. Collection de Natalia Shabelskaia. The Metropoliten Museum.

Tissu déb. XIXe s. Collection de Natalia Shabelskaia. The Metropoliten Museum.

Rouchnik de la collection de Natalia Shabelskaya.XIXe s. The Metropoliten Museum.

Rouchnik de la collection de Natalia Shabelskaya.XIXe s. The Metropoliten Museum.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est important de dire que Natalia Shabelskaya  a passé ses dernières années de vie en France. Le destin de sa collection me donne une occasion de raconter son histoire passionnante dans un autre article à part.

Je me réjouis de vous faire découvrir ses secrets.

 

Passionnement,

Natalia.

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A propos de Natalia Lagoguey

Après avoir enseigné le français en Russie, travaillé comme secrétaire-interprète à l'ambassade belge de Moscou, mis ses compétences aux services de plusieurs sociétés françaises, Natalia a décidé de partager ses connaissances de l'artisanat slave en général et russe en particulier. Ceci via son blog mais également via son pavillon russe ( www.costumerusse.kingeshop.com/ ) ou vous verrez, entre autre, ses créations et des expositions sur le terrain (Marchés, salons, foires...).

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