Ceci est un extrait des mémoires de l’architecte russe Ilia Bondarenko qui dirigeait la construction du Pavillon de l’artisanat russe à l’Exposition Universelle de 1900 à Paris.

L’original de ces mémoires se trouve dans les archives de la littérature et de l’art de l’Etat Russe.

Ces mémoires n’ont jamais été édités, mais ils sont apparus sous cette forme sur le site de la région de la ville de Vladimir dont il est originaire.

Là, Je me suis permis de vous les traduire.

 

 

Les aventures des charpentiers russes à Paris en 1900

croquis de K.Korovin pour la Section d'artisanat russe wikipedia

croquis de K.Korovin pour la Section d'artisanat russe wikipedia

…Il était décidé de construire le brouillon du Pavillon à Moscou, le démonter et ensuite l’envoyer par les rails à Petersburg.

Là-bas  il devait être chargé en bateau et envoyé à Rouan par la mer.

Une fois arrivée en France il fallait le monter jusqu’à Paris par la Seine, vers Trocadéro, où nous avons réservé la place à notre Pavillon d’artisanat russe.

L’entrepôt du bois de M.Nazhivin derrière Butyrskaya Zastava était l’endroit où on préparait les cages des pavillons.

Les artisans de Sergiev Posad sculptaient et ajouraient les détails en bois.

église Spaso-Préobrazheskaya construite à 1756, Mourom. Méthode v lapou. Photo

église Spaso-Préobrazheskaya construite à 1756, Mourom. Méthode v lapou. Photo

Pour la peinture on était aidé par les peintres Natalia Davydova et Alexandr Golovin. Les meilleurs charpentiers originaires de Vladimir ont été obligés d’apprendre les techniques d’architecture de la Russie du Nord, « v lapou », « v ougol ».

La plupart des bâtiments ont été fait pratiquement sans un clou.

* La taille manuelle des poutres à la hache « v lapou » donne les angles des murs nets, les extrémités des poutres s’entassent sans se dépasser. C’est une méthode reste la plus économique au niveau de quantité de la matière première utilisée. Par contre la méthode artisanale appelée « v ougol » sous-entend que les poutres se croisent dans l’angle et le dépassent. La maison est plus solide contre les intempéries.  Sur les photos on voit les deux types de la taille de l’époque très typique pour la Russie.* 

Maison d'Oshevnev (famille des paysans aisés) Kizhi. Sroub v ougol. Photo de Шаbur

Maison d'Oshevnev (famille des paysans aisés) Kizhi. Sroub v ougol. Photo de Шаbur

 

Il était décidé aussi que les détails plus minutieux et la peinture décorative seront faits sur place à Paris.

Vers l’automne, la Section a été préconstruite et partie démontée à Saint-Pétersbourg.

Nous avons commencé à se préparer. Il nous a fallu choisir 5 bons charpentiers et un « desiatnik »

* « Desiatnik » veut dire à l’ancien le chef d’équipe. Le mot vient du chiffre 10, autant de pourcent cette personne touchait de l’ensemble des travaux effectués par l’équipe. Le reste était distribué parmi les ouvriers*

Nous avons pris Dmitriy Vilkov de Vladimir même comme desiatnik et son équipe. Et nous voilà en route vers Paris.

*La différence de la mode de vie, des mœurs, des habitudes et de la culture était énorme entre la France et la Russie à la frontière de XXe s. Voici les photos des charpentiers de cette époque et de cette région pour faire travailler votre imagination.*

Egor Fadeev charpentier originaire de region de Vladimir 38 ans

Egor Fadeev charpentier originaire de region de Vladimir 38 ans

Ivan Demidov charpentier originaire de region de Vladimir 36 ans

Ivan Demidov charpentier originaire de region de Vladimir 36 ans

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les aventures ont commencé dès Varsovie : L’équipe (*artel, артель) de nos charpentiers ne voulait pas monter dans la calèche à deux chevaux avec un cocher !

« Niet, »-disait les gars.  « On ira plutôt à pied. On n’est pas des nobles pour monter dans les calèches. »

En absence d’autres moyens de transport, ils ont obéi mais sont restés serrés l’un contre l’autre sans dire un mot et ne m’ont pas quitté du pied.

Arrivés à la frontière allemande chacun me demandaient à son tours comme des enfants : « Aaaaa, c’est çaaaa, leur l’étranger. Pourquoi ils mettent leurs nez dans nos valises? Dit donc, ils veulent tout voir !? ».

Les douaniers nous regardaient en haussant les épaules.

Il était fort possible qu’ils voyaient pour la première fois de leur vie les voyageurs habillés d’une façon très étrange traversant l’Europe.

Il faut dire que mes charpentiers ont été vêtus de leurs gros demi-manteaux en cuir renversés de mouton, fourrés de l’intérieur, des couleurs jaunes et oranges longueur mi- genoux.

Un d’eux était chaussé de valenki mouchetés *valenki blancs brodés de rouge*.

valenki mouchetés Fabrique des frères Komarov déb. XXe s. Musée de Kukmor museum.ru

valenki mouchetés Fabrique des frères Komarov déb. XXe s. Musée de Kukmor museum.ru

Tous portaient des larges ceintures rouges noués autours de la taille. Ces barbus solides et impressionnants essayaient de rester autant discrets que c’était possible avec leurs costumes spectaculaires tout le long de la route.

Je leur ai dit encore à Moscou qu’aller à Paris avec leurs gros manteaux fourrés n’était pas nécessaire, qu’il ne faisait pas froid à Paris.

Mais à chaque fois je recevais leur réponse têtue :

« Niet ! On est mieux comme ça, l’hiver va pas tarder à venir »

 

To be continued!

Amicalement,

Natalia.

 

 
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A propos de Natalia Lagoguey

Après avoir enseigné le français en Russie, travaillé comme secrétaire-interprète à l'ambassade belge de Moscou, mis ses compétences aux services de plusieurs sociétés françaises, Natalia a décidé de partager ses connaissances de l'artisanat slave en général et russe en particulier. Ceci via son blog mais également via son pavillon russe ( www.costumerusse.kingeshop.com/ ) ou vous verrez, entre autre, ses créations et des expositions sur le terrain (Marchés, salons, foires...).

2 réponses à Les aventures des charpentiers russes à Paris en 1900

  • la reiniere dit :

    Superbe article qui m’a fait voyagé dans le temps.

    Je suis épaté par le travail réalisé par ces charpentiers, notamment par l’église Spaso-Préobrazheskaya. enitèrement faite en bois en 1756, le bois tient toujours et la charpente aussi.

    mon métier d’ébéniste est ma passion et je suis très heureux d’avoir lu cet article.

    bonne journée 🙂

    • Natalia dit :

      Bonjour et merci d’avoir lu mon article. Je vous suggère également de regarder les cadres des fenêtres des izbas russes traditionnels. Une dentelle de bois sculptées à la main à admirer la bouche ouverte!:) A bientôt!

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