Si vous avez lu l’article sur le prince Vladimir vous savez de quel période je parle (Du Xe siècle si vous ne l’avez pas lu 🙂 ).

Le processus de baptême de tous les russes fut long, donc les chemisiers de type païen ont été portés jusqu’au 13-e siècle à peu près.

 

Le chemisier païen (рубаха) était l’habit le plus porté des slaves.

L’origine de ce mot vient de l’ancien mot russe руб ce que veut dire un morceau de tissu. Parce que le chemisier se faisait avec un morceau de tissu plié en deux au centre avec un trou découpé au milieu pour passer la tête.

Il était porté avec une ceinture en cuir chez les hommes et une ceinture tissée chez les femmes.

Détail curieux: le chemisier d’homme arrivait jusqu’aux genoux et une fois ceinturé se formait une sorte de poche à l’intérieur, tout autour. Cette poche servait souvent pour mettre la Chapka ou un pavé de pain.  Les chemisiers de femmes touchaient le sol. Il parait que le mot russe подол (bas de vêtement) vient de là.

 

Patron du chemisier païen

 

Les slaves fabriquaient leurs chemisiers avec les tissus fait maison : toile de jute, de chanvre (au XIe siècle.), laine et  lin.

Ceux-ci étaient de couleur nature ou blanche.

Pour la laine, les couleurs  utilisée pour les jupes  pouvaient varier depuis des nuances naturelles blanches, marrons, noirs… jusqu’à des teintes colorées : rouges, vertes, jaunes. Certaines avaient même parfois de grands carreaux et rayures.

Tous les autres tissus comme laine fine, soie, brocart, velours, soie, tissage de fils argentés et dorés (tissus anciens  lourd et cher, existant actuellement sous une autre forme), les rubans dorés, différents tissus légers et très fins venaient de Byzance, ville de Chersonèse, de l’Asie Centrale et de l’Orient.

 

Pour fabriquer un chemisier, les païens utilisaient les rîtes, les adjurations parce que ce vêtement était censé non seulement leur chauffer le corps mais surtout le protéger contre les forces du mal, empêcher ces forces de prendre l’âme de son porteur.

Les ancêtres slaves croyaient que chaque trou de ce vêtement devait être protégé par un symbole bien spécifique, une broderie protectrice ou une couleur spécifique.

 

La fabrication et finition du col de chemisier étaient un rituel presque magique.

 

L’ouverture du col était devant ou parfois sur le coté droit (chez les hommes).

La broderie couvrait le tour du col et continuait le long de l’ouverture tout en  formant un cercle. Au fait le cercle était pour les slaves une forme idéale de protection contre quoi que ce soit.

Les ceintures formait un cercle, ainsi que les colliers et bracelets.

D’ailleurs les femme portaient 10 à 12 bracelets par dessus leur bas de manches. Ainsi ces bracelets maintenaient les manches très longues pliées pour le port de tous les jours.

Pour les fêtes et pendant les rites païens les manches se dépliaient et la femme passait ses mains dans de petites ouvertures situées au milieu des manches.

La broderie symbolique couvrait le bas (подол) du chemisier, les bas des manches et même les endroits d’attachement des pièces du chemisier devaient être décorés. Ces coutures étaient considérées aussi comme des ouvertures pour les forces de mal.

A force de charger le col de décoration une nouvelle pièce du costume slave a été formée : un collier couvrant les épaules (оплечье) et formant bien évidemment un cercle.

Le choix des symboles à broder n’était pas un hasard. Le symbole essentiel était le soleil (comme ils le voyaient), les formes géométriques de protection, les motifs floraux et les figures des animaux et des oiseaux selon le sens qu’ils désirait à mettre sur le chemisier.

 

Exemple de chemisier païen brodé du XIXe siècle

 

Vous demandez peut-être pourquoi j’ai mis la photo du chemisier du 19-e siècle comme exemple de broderies slaves païennes ?

Parce qu’en fait les paysans utilisèrent ces motifs jusqu’au XXe siècle, même étant très chrétiens !

C »était des paysans, des agriculteurs, dont toute la vie dépendait  de la récolte.

Et la récolte dépendait de la nature.

Ils demandaient ainsi la nature de protéger leur blé ou autre culture tout en allant à l’église et en demandant  la même chose dans leurs prières à la nature.

Fragment de broderie païenne slave

 

Amicalement

Natalia

 

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A propos de Natalia Lagoguey

Après avoir enseigné le français en Russie, travaillé comme secrétaire-interprète à l'ambassade belge de Moscou, mis ses compétences aux services de plusieurs sociétés françaises, Natalia a décidé de partager ses connaissances de l'artisanat slave en général et russe en particulier. Ceci via son blog mais également via son pavillon russe ( www.costumerusse.kingeshop.com/ ) ou vous verrez, entre autre, ses créations et des expositions sur le terrain (Marchés, salons, foires...).

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