Je pourrais vous raconter et décrire minutieusement le costume russe mais rien ne remplace le voir en couleur et sentir sa richesse, sa vivacité, son âme sur les tableaux de l’époque.

Quand je parle de « l’époque » je sous entend la belle époque de la splendeur et du fort développement de la Russie avant la révolution de 1917 quand ces costumes se trouvaient en meilleur état qu’à nos jours et n’étaient pas encore barbarisés, détruits ou portés disparus dans une série d’évènements durs vécus par le pays.

 Peintre et collectionneur Konstantin Makovsky

Konstantin Makovsky

Konstantin Makovsky

Sans doute, un des meilleurs peintres de la seconde moitié du XIX siècle qui met en valeur le Costume Russe est Konstantin Makovsky (Constantin Makowski) (1839-1915).

Il le fait non seulement sur ses tableaux mais aussi en tant qu’un grand collectionneur.

On en parlera ailleurs dans l’article qui sera dédié aux grands collectionneurs du costume russe.

Konstantin Makovskiy, Boyarynia devant la fenêtre, les années 1880. Le musée des art de la ville d'Omsk

Konstantin Makovskiy, Boyarynia devant la fenêtre, les années 1880. Le musée des art de la ville d’Omsk

La passion de collectionneur est hérité de son père, collectionneur principalement des gravures russes.

Konstantin a ouvert sa collection en 1860 aussitôt après la vente de son premier tableau.

Comme le dit son fils Serguey Makovskiy, il partait pratiquement tous les jours aux marchés aux puces Alexandrovkiy ou Apraksin. Une partie des objets lui servait d’accessoires pour ses tableaux, d’autres étaient acheté tout simplement sur un coup de foudre pour une jolie chose ancienne.

Il faut dire que son amour envers les objets, les accessoires et les costumes touchait surtout la période de la Russie des boyards de XVII-e siècle, l’époque du tsar Alexey Mikhailovich.

Un extrait du livre des souvenirs de la fille du peintre Elena Loukche-Makovskaya :

« …La vendeuse de l’antiquité du marché Alexandrovskiy est venue accompagnée de son assistante. C’est une spécialiste des anciens chiffons très connue. Elle recherche des anciennes coiffes, couronnes et habits de toute la Russie et surtout du Nord et elle s’applique bien, soyez, sûr, pour Konstantin Egorovich.

Là voilà, les coffres sont déjà installés par terre, le grand nœud s’ouvre et une rivière de tissus en plis cassés de robes anciennes et d’étoffes de brochet tombent sur le parquet brillant de la salle, à contre jour, en face des fenêtres donnant sur la Néva.

Papa tient un vif conseil avec maman, étant un grand connaisseur de l’antiquité russe et un patient admirateur de chaque bout de tissus, il prend à chaque fois presque tout sans compte pour ce genre d’achats. »

Makovskiy Konstantin Le thé 1914. Le musée d'Oulianovsk, Russie

Makovskiy Konstantin Le thé 1914. Le musée d’Oulianovsk, Russie

Les perles de la collection de Konstantin Makovsky sont des anciens coffres russe en os taillé en dentelle et certains costumes russes (surtout les coiffes).

Voici un extrait des souvenirs d’une écrivaine de l’époque : Evgenia Vlasova (dite Evgenia Fortunato) qui était invitée comme modèle pour un de ses tableaux.

« … Sans dire un mot Makovsky a enlevé mon chapeau et… les épingles de ma coiffure. Les cheveux sont tombés sur les épaules. Makovsky m’a observé un instant puis… s’est mis à me faire une natte. J’ai été surprise par sa vivacité des mouvements. Une fois la natte faite, il a sorti un magnifique sarafane en damas bleu claire de son armoire vénitien avec les boutons en pierre semi-précieuse et une coiffe de jeune fille garnie de perles retombants sur le front. Toujours sans dire un mot il m’ a amené vers une armoire vénitien avec un miroir. Makovsky m’a mis le sarafane par dessus de ma robe et m’a couronné de la coiffe. M’observant de gauche et de droite, il pliait ses yeux et regardait un coup moi, un coup mon reflet… »

Makovskiy Konstantin, Devant la cloture, les années 1890.

Makovskiy Konstantin, Devant la cloture, les années 1890.

Il faut remarquer que les personnages féminins en costume russe devenait le moyen d’exprimer l’idée russe dans la peinture et étaient liés avec les recherches d‘un idéal de la beauté russe au XIX-e siècle.

« Noce des boyards » est une des premières toiles du peintre qui ouvre la série des tableaux sur les boyards. Les pièces en voûtes remplies de rares vaisselles et d’objets que les boyards ont sortis pour une noce.

Konstantin Makovsky, Repas de noce chez les boyars en XVII s. 1883,musée Hilwood Washington

Konstantin Makovsky, Repas de noce chez les boyars en XVII s. 1883,musée Hilwood Washington

Le tableau présente le moment final et très important du repas où l’on présentait un cygne sur le plat aux convives. Appréciez les moindres détails des vêtements et des objets peints avec une précision de connaisseur de haut niveau.

Au début des années 1890 Makovsky a son atelier à Saint-Petersbourg et à Paris où il amène une grande partie de sa collection des costumes des boyards de Saint-Petersbourg. Son atelier parisien se trouvait dans un bâtiment isolé dans une des cours du Boulevard de Clichy.

Cet article sera suivuit par un autre sur d’autres peintres qui cherchaient leur inspiration dans la beauté féminine en costume russe.

Amicalement,

Natalia.

Sources: d’après l’article d’ Elena Lubimova « Le costume russe dans la peinture »

d’après l’article de Nadejda Bolshakova  » Konstantin Makovskiy-le collectionneur »

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A propos de Natalia Lagoguey

Après avoir enseigné le français en Russie, travaillé comme secrétaire-interprète à l'ambassade belge de Moscou, mis ses compétences aux services de plusieurs sociétés françaises, Natalia a décidé de partager ses connaissances de l'artisanat slave en général et russe en particulier. Ceci via son blog mais également via son pavillon russe ( www.costumerusse.kingeshop.com/ ) ou vous verrez, entre autre, ses créations et des expositions sur le terrain (Marchés, salons, foires...).

2 réponses à Le Costume Russe dans la peinture

  • Adeline dit :

    Très jolies ces peintures et ces costumes. J’adore les coiffes que ces femmes portent! Elles ont un nom particulier?

    • Natalia dit :

      Bonjour, Adeline et merci pour la visite:)
      Oui, chaque coiffe a son propre nom et le nom peut changer selon la région où elle était portée. Les jeunes filles avant le mariage portaient une coiffe Poviazka, une coiffe qui n’avait pas de fond, qui laissait les cheveux apparents en haut et la natte derrière.
      Les femmes mariées portaient des coiffes avec le fond et cachaient les cheveux en dessous de la coiffe. Ces coiffes s’appelaient Sbornik, Kika, Kokochnik, Kitchka, Povoïnik, Soroka, Kaptour etc.
      Intéressant est le rituel de l’entrée de la jeune mariée dans la vie d’une jeune femme lors du mariage. Les femmes présentes défaisaient une natte (le symbol de jeune fille), bien peignaient les cheveux de la jeune mariée, faisaient deux nattes et les pliaient en croissant. Et la jeune mariée se faisait couronnée par la coiffe d’une femme mariée. Et tout ce rituel était accompagné par les chants tristes et les pleurs du regret du passage dans la vie adulte.

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